
Avant toute chose, ne pas confondre : le pain calendal n’est ni la pompe à huile, ni le gibassier, même si tous trois ont leur place sur la table de Noël provençale. 😎
Le pain calendal est un pain rituel à part entière. En Provence, il avait la réputation d’être presque magique. On disait qu’après plus d’un an, il était encore aussi beau qu’au sortir du four — intact, fidèle, comme suspendu hors du temps. Posé au centre de la table du gros souper, marqué de sa croix et de ses douze lobes, il racontait à lui seul le cycle des saisons : les mois qui passent, le soleil qui décline puis renaît, et l’espoir têtu d’une année fertile malgré l’hiver.
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Avant de commencer le repas, c’est l’aïeul, chef de famille et gardien de la tradition, qui entrait en scène. Il prenait le pain calendal et traçait au dos un signe de croix avec la pointe du couteau, puis le partageait en trois parts, rappelant la Trinité. Une part était destinée aux pauvres, une autre au souper, et la troisième, la plus mystérieuse, était appelée “part des miracles”. Conservée dans l’armoire, elle devait protéger la maison de la foudre, de l’incendie et des grands malheurs. Et parce qu’aucune tradition n’est complète sans le souci de l’autre, on n’oubliait jamais de mettre de côté un petit morceau de pain, destiné aux pauvres ou aux passants qui pourraient frapper à la porte.
Aujourd’hui, il faut bien le dire, le pain calendal a presque disparu des boulangeries, emporté avec les traditions qu’on ne prend plus le temps de transmettre. Pourtant, certains résistent encore. À Rognes, La Biscuiterie de Rognes, spécialisée dans la pâtisserie et la viennoiserie traditionnelle provençale, fait vivre cette coutume rare et précieuse. Une adresse à connaître pour retrouver un pain qui n’était pas qu’un aliment, mais un symbole de foi, de saisons et de solidarité, profondément enraciné dans l’âme de la Provence. 👍
Greg - 14 decembre 2025







