Il y a deux ans disparaissait Gérard Bramoulé, l’un des derniers mohicans d’une pensée économique iconoclaste — un de ces esprits que l’on croise rarement, mais qui marquent durablement une ville. 😎
Je le dis franchement : je ne l’ai pas connu personnellement. Je l’ai observé de loin, comme beaucoup. À Aix, on s’enthousiasme volontiers pour les grandes figures du passé – jusqu’aux plus obscures – pourvu qu’elles aient une rue à leur nom. Mais quand un contemporain mérite vraiment d’être honoré, on a parfois la mémoire courte. Avec Gérard Bramoulé, c’est tout le contraire : son absence résonne encore.
Son domaine ? Pas le plus glamour pour les Aixois : l’économie. Et pourtant, c’est précisément ce qui le rend si singulier. Sa bibliographie, seule, aurait dû lui valoir une reconnaissance nationale : économie politique, monnaie, subsidiarité, finances locales… Autant de sujets arides que lui, par on ne sait quel miracle, rendait vivants, urgents, intelligibles.
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Quand il nous a quittés le 1er décembre 2023, ce n’était pas “simplement” un élu de plus qui tirait sa révérence. C’était une voix. Une voix rare, nourrie d’une immense culture, d’humour, de malice, et surtout d’un amour farouche pour la liberté. Une voix qui dérangeait souvent, mais qui ne trichait jamais.
Ce qui frappait chez lui, même à distance, c’était son mélange improbable de grande intelligence, d’élégance naturelle, de courtoisie, et d’un petit fond d’espièglerie adolescente. Ses adversaires eux-mêmes ne pouvaient s’empêcher de sourire. Sans cela, il aurait été catalogué comme bien d’autres : défenseur des riches, suppôt du capitalisme, fossoyeur de l’État…
- Aller soutenir Solidarność en Pologne.
- Défier le régime de Ceaușescu.
- Assumer son passage au Club de l’Horloge.
- Écrire « La Peste Verte » pour dénoncer les dérives de l’écologie politique.
- Porter des positions libertariennes dans un monde qui les exécrait.
- Résister à la préfecture ou aux monopoles de la Métropole.
Sa mémoire continuera de hanter ceux qui l’ont côtoyé, non par le vide qu’il laisse derrière lui, mais par le manque de courage qu’il rappelle à chacun, en référence à l’exemple d’un homme qui sut rester fidèle à ses convictions jusqu’au bout. Il restera l’exemple d’un esprit libre dans une époque qui l’est de moins en moins.
Gérard Bramoulé demeure, à mes yeux, l’un de ces Aixois qui auraient mérité une rue pour eux. Pas seulement pour leurs idées, mais pour avoir aimé cette ville, jusqu’à lui consacrer un ouvrage magnifique : "Eaux vives et fontaines en pays d’Aix".
Un homme rare. 👍
Greg - 2 décembre 2025
