Hommage à mon Grand-Père, écrivain et poète provençal pour les 50 ans de sa disparition

Cinquante ans qu’il est parti, et pourtant, ce samedi, j’ai eu l’impression qu’il n’était jamais vraiment loin. 😎

Après Aix, sa ville natale, qui lui avait rendu hommage en 1990 pour les cent ans de sa naissance, c’est son village d’adoption, Saint-Marc-Jaumegarde, qui a pris le relais pour marquer ce demi-siècle d’absence. Un grand merci au Maire et au Félibrige — toujours fidèles gardiens de la flamme provençale — d’avoir organisé cette belle journée.

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Dans ces moments-là, tu redécouvres à quel point quelqu’un peut rayonner bien au-delà de la famille. Quand tu vois des inconnus venir écouter ses poèmes, émus, un demi-siècle après sa disparition, tu comprends que son encre n’a pas séché. Une salle communale, aux trois quarts remplie.

Et que dire de l’émotion de voir le Félibrige au rendez-vous — avec son Président et même la Reine du Félibrige (ancienne Reine d’Arles, s’il vous plaît !) — rendre hommage à celui qui fut l’un des leurs. Il aurait sûrement trouvé ça "trop d’honneur" mais je crois qu’au fond, il en aurait été fier.

Il y a le grand-père du quotidien, présent dans les souvenirs et les récits familiaux, et puis il y a le grand-père écrivain, celui que je redécouvre. L’homme plongé jour et nuit dans la lecture n’était pas toujours le plus bavard, ni le plus disponible - mais quel amoureux des livres ! Ce virus des bibliothèques, il l’a d’ailleurs transmis à mon père, lui aussi enfermé dans son bureau entre deux montagnes de revues. Une véritable malédiction littéraire familiale.

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Revenu vivre à Aix, je mesure à quel point il fut un homme de la cité, au-delà même de son engagement pour la cause provençale et de ses liens avec Mistral. Curieusement, malgré son empreinte, il reste aujourd’hui discret dans la mémoire collective de la ville — un peu comme ces vieux volumes oublié de la Méjanes.

Aix, c’était sa passion, son terrain de jeu. D’abord étudiant en droit dans les couloirs de la faculté, puis exilé à Paris à l’École des Chartes, où il consacra sa thèse à « La vie municipale à Aix avant 1789 », publiée en partie dans l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône en 1937. Mais même loin d’ici, il restait Aixois dans l’âme.

Même après sa retraite, il continuait à déserter la maison familiale de Saint-Marc-Jaumegarde pour hanter les rayonnages de la Méjanes, dont il fut le conservateur de 1936 à 1958. À l’époque, la bibliothèque trônait au premier étage de l’Hôtel de Ville (bien avant de déménager dans l’ancienne manufacture d’allumettes en 1988).

Quand il ne lisait pas, il écrivait. Et quand il n’écrivait pas, il pensait déjà à ce qu’il allait écrire. Des lettres, des poèmes, des articles — il correspondait avec toute la bonne société aixoise sur tout ce qui touchait à Aix et à la Provence (Jaume Guiran, Joseph d'Arbaud, Marcel Provence,...)

Heureusement qu’il y avait Saint-Marc pour le ramener à la vie simple. Devant la montagne Sainte-Victoire, il retrouvait le silence, la lumière, les odeurs de pin et de lavande. Mais même là, la nature le reprenait : il filait à son bureau pour écrire un poème.

Il avait confié que, s’il n’avait pas été homme de lettres, il aurait aimé être garde forestier. Tout est là, dans cette phrase : il aimait autant les livres que les collines de son pays. Lien profond entre la terre et les mots. Cet amour-là, entre nature du pays natal et le papier, il l’a transmis à mon père, comme un héritage invisible. 👍

PS : Pour en savoir plus sur le parcours de mon grand-père, vous pouvez consulter sa page wikipedia ou le site des Anciennes familles de Provence