À quelques kilomètres à l’est d’Aix-en-Provence, entre Le Tholonet, Beaurecueil et les premières pentes de la montagne Sainte-Victoire, se dresse un rocher isolé que les anciens appellent depuis des siècles le Baou de la Peur. Baou vient du provençal ancien baù, bau, ou baous, qui signifie rocher, falaise, escarpement, sommet abrupt. Là, le vent siffle d’une façon étrange, comme un cri lointain mêlé de plainte humaine. 😎
On raconte qu’au temps des seigneurs du Tholonet, un maître cruel y aurait précipité sa jeune servante pour avoir refusé ses avances. Depuis, lorsque le mistral s’engouffre dans la roche, on entend sa voix qui gémit encore dans la vallée, portée par le vent.
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À la tombée du soir, ceux qui s’aventurent sur les sentiers de Bibémus ou du Concors jurent voir une lueur bleue flotter au-dessus du vide. Les bergers d’autrefois disaient que c’était l’âme de la servante, condamnée à errer.
D'une peur à l'autre, cette légende faire naître des variantes. Certains affirment que c’est le rire du diable qui résonne lorsque le vent se déchaîne. On dit même que le Baou se transforme subitement en passage entre le monde des vivants et celui des damnés : les arbres se taisent, le mistral s’arrête, et le silence s’abat comme une main froide sur la montagne.
Cette légende, transmise de bouche à oreille dans tout le pays d’Aix, a été rapportée dès le XIXᵉ siècle par Frédéric Mistral dans son Trésor du Félibrige (1879), puis par Louis Dumont dans ses Traditions et superstitions du Pays d’Aix ett par Jean-Claude Bouvier dans Contes et légendes de Provence. Un lieu réel, une histoire ancrée dans la mémoire populaire, et une atmosphère à glacer le sang : voilà le Baou de la Peur, sentinelle du vent et gardien des âmes perdues d’Aix-en-Provence. 👍
Greg - 23 octobre 2025
