
Ă Aix-en-Provence, certains noms du passĂ© ont laissĂ© dans l’air comme une ombre froide… Et parmi eux, celui de la Drouillade revient chaque automne, comme un murmure oubliĂ©. Au XVIIá” siĂšcle, cette femme Ă la piĂ©tĂ© fĂ©roce, aussi cruelle que pieuse, dirigeait le Refuge d’Aix, une institution destinĂ©e Ă « redresser » les jeunes femmes jugĂ©es de mauvaise vie. đ
Son nom rĂ©el semble ĂȘtre Marie‑ThĂ©rĂšse de la Croix dans certains rĂ©cits. Elle aurait exercĂ© avant ou en parallĂšle une vie de dĂ©bauche, puis se serait « reconvertie » ou aurait pris un rĂŽle religieux, se faisant appeler SĆur de la Croix.
Sous son autoritĂ©, la discipline tournait Ă la torture : supplices, chĂątiments, humiliations, enfermements… Les archives la dĂ©crivent comme une mĂšre supĂ©rieure tyrannique, redoutĂ©e mĂȘme de ses sĆurs. Le peuple d’Aix, lui, la surnommait simplement la Drouillado — « celle qui rosse ».
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Mais le temps n’a pas suffi Ă effacer les traces de ses crimes. Certains soirs d’automne, quand le vent s’engouffre entre les ruelles Ă©troites du quartier Mazarin ou de la rue Sallier, des Aixoises jurent entendre un froissement d’habit de nonne, suivi d’un souffle glacial dans le dos. D’autres disent avoir aperçu, dans le reflet d’une vitrine, une silhouette en cornette blanche, avançant sans bruit avant de disparaĂźtre Ă l’angle d’une rue. On raconte mĂȘme que ses pas se font plus pressants Ă l’approche de la Toussaint, comme si la Drouillade revenait vĂ©rifier que les jeunes filles du pays restent « convenables ».
La lĂ©gende veut qu’elle hante encore les nuits d’Aix, cherchant Ă punir celles qu’elle juge trop frivoles ou imprudentes. Si tu sors ce soir, Ă©vite de traverser seule les ruelles entre la place des Quatre-Dauphins et le cloĂźtre Saint-Jean-de-Malte : c’est lĂ , dit-on, que son ombre apparaĂźt quand sonnent les douze coups de minuit. Et si tu sens un froid soudain ou un parfum d’encens qui ne vient de nulle part… alors, peut-ĂȘtre, la Drouillade n’est pas si loin. đ
Greg - 25 octobre 2025








